J’ai un poil au menton qui m’agace pour de bon !
Il me saoule, il me navre, jamais il ne trépasse.
Je n’y pense jamais, sauf par inadvertance,
quand j’le sens qui est là, juste sous le menton.
Il arrête mes doigts. Il se dresse, quel affront !
comme un vivant déni de mon ventre fécond.
Il se montre, ô misère ! comme un vilain présage,
de la marque des âges, sur mon joli visage.
Il vaudrait mieux je crois, avoir un poil en main.
Il s’rait certes incongru, mais à tout prendre marrant.
Mais ici, je me meurs ! il n’est que consternant.
Déplacé, décalé, et pour tout dire gênant.
Je farfouille, fébrile, dans tous les p’tits recoins.
Je traque un instrument, pour pouvoir, sans témoin,
retourner cet intrus au monde dont il vient.
Il n’est pas bien aisé de pouvoir te pincer.
Tu te faufiles, anguille ! te soustrais à la faux.
Enfin je t’ai coincé ! Tu ne m’échapperas plus.
Je tends alors bien ma peau, pour m’assurer de mon étau.
Et dès lors c’est la joie au cœur, que je t’arrache avec ferveur !
Ne laissant ainsi aux caresses, que toucher aussi doux que pêche…
Puis je contemple entre mes doigts,
la franche victoire de mon Moi.
J’ai bien des poils, mais d’cette espèce,
tu es le seul, il n’y a que toi !
Entre mon pouce et mon index,
je te replie de haut en bas ;
pour bien mesurer le vortex,
et évaluer mon rude combat.
D’une pichenette, je te jette !
Adieu, jusqu’à la prochaine fois.
Miette