Il avait faim c’était affreux
Il avait faim ça f’sait des nœuds
dans ses yeux bleus sur la vitrine
dans son ventre et dans sa poitrine
Ça r’bondissait sans s’arrêter
cette folle envie de dévorer
pâtés, jambons et crudités
en rang d’oignon bien exposés
Bien trop longtemps sans rien manger
disait son corps d’intensité
Mais la vitrine en cran d’arrêt
tenue par toute la société
C’qui est dedans ne peut s’voler
même si pour ça, faut en crever !
Il avait des fils dans les mains…
Il les tordait tordait…en vain…
Il avait faim comme tortionnaire
et sa misère en corollaire
Là, dans son cœur, un froid de gueux
Ça lui en gelait même les yeux
Larme au bord de l’inacceptable
Il était là, il disait rien.
A quoi bon se plaindre pour rien ?
pour à la fin juste avoir faim ?
Bien trop longtemps sans rien manger
disait son corps d’intensité
Il était laid c’était affreux
Il était laid visage difforme
Un œil blessé, même pas soigné
C’est la misère, la rude, la vraie !
Il était laid et il puait
et moi je n’pouvais que pleureur
Un éclat de fonte dans le cœur
qui éclate comme une douleur
de vivre dans telle société
qui s’autorise à voir crever
les sdf et les manants
sur le trottoir sans regarder
Si mal d’être bien devant tant de souffrance
Si injuste sa peine, tant que mon opulence
me remonte en sanglots comme un paquet de mer
Dans la rue il y a deux petits enfants sages,
ils regardent, médusés, et lui mangent le visage
Triste spectacle inhumain de la misère humaine
Ô France ! Que fais-tu à t’oublier méchamment ?
Ô France ! Il te faut bien chérir tous tes enfants…
Miette