Les hyènes (! Texte engagé)

Notre Dame a brûlé
tel un sombre présage
et j’ai le cœur en rage
de tant de stupidité

Et les milliardaires dans tout ça ?
Ho ben merci, pas mal, ça va…
C’est sympa d’les voir frétiller,
par l’odeur du drame alléchés
les babines toutes retroussées
business ne cesse jamais de tourner !

Et pourquoi donc affluent les dons
des grandes fortunes de la nation ? 
par bel esprit, pure bonté d’âme,
d’œuvrer à sa résurrection ?

Et puis toutes ces grosses sociétés
qui communiquent la larme à l’œil,
soignent leur image dans les médias,
d’la générosité éclairée ?
pour le bien commun, la beauté de l’art ? 

La bonne aubaine du mécénat,
laissez-moi donc vous conter ça.

10 millions de dons si j’sais compter,
mettons pour un particulier,
c’est 6 millions à pas payer
de ce qu’il devrait à l’État.
C’est de l’impôt qui s’paiera pas,
un beau cadeau vous trouvez pas ?
Mais la culture ça vaut bien ça ! 

Certes on pourrait pinailler,
crédit d’impôt pour sociétés
déduction pour particuliers
m’enfin appelons un chat un chat :
c’est du pognon qu’l’État a pas ! 

Alors bien sûr pour compenser,
ce conséquent manque à gagner,
faire chichement tourner la boutique
de cette France si démocratique
faudra voir à plumer plus bas.

C’est la nouvelle justice fiscale ;
depuis plus de 15 ans maintenant
le mécénat c’est trop sympa ! (*) 
Donnez, donnez, pour Notre Dame,
elle le vaut bien, sans états d’âme ! 

Pis, pris dans l’feu de l’émotion,
qui on le sait n’est pas raison,
ils pourront pt’être l’juter plus qu’ça,
les lobbyistes sont sur la piste.
C’est pas moral, mais pour la blague,
notre beau « Trésor National » (**)
ruissellera, ruissellera pas ?

Miette

(*) Cf. La loi, dite « loi Aillagon », du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations

(**) Actuellement, et cela ne concerne en théorie que l’achat d’oeuvre et donc nullement le cas de Notre Dame, les sommes investies dans une oeuvre classée « Trésor national » bénéficient d’une réduction d’impôts de 90 %. Pour les entreprises, car dans les faits se sont des personnes morales qui achètent, cf. le code, c a d les arts. 238 bis-0 A et 238 bis-0 AB du Code général des impôts.

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