Allons, allons, Madame, ne vous désolez point.
Avoir de petits seins n’est pas le pire destin.
Si un-qui-s ‘croit malin vous traite de planche à pain,
ayez de l’indulgence, ce n’est qu’un béotien.
Le propos est simpliste, pas d’quoi faire le malin :
décliner des clichés en un collier sans fin,
amuse la galerie, sert d’esprit aux crétins,
béquilles de la pensée, tempête sous vide crânien.
Si, au moins, la critique avait un peu d’allure,
emphase ou ironie, du vent dans la voilure !
On pourrait regretter l’auteur de l’aventure…
Un discours de Marlou aurait la classe des filous :
_ « Vos tétons sont si p’tits, que je les cherche partout…
Tombés entre les lattes ? du plancher ? par un trou ?
Y’a personne au balcon ? Pas de parade ! ni garde-à-vous !
J’voudrais pas lever un lièvre en filochant l’minou…
Ce n’est qu’ma vérité, allez, n’faites pas la moue.
Je vous dis à jamais, et bien le bonjour chez vous ! »
Même objection philosophique aurait intérêt après tout :
_ « Vos seins sont deux poèmes, très subtils haïkus,
qui tout en légèreté ne sont qu’essence et puis c’est tout…
du coup je vais faire comme eux, prendre mes jambes à mon cou ;
le néant me déprime, que d’autres se dévouent !»
Une remarque simple et efficace, ça marche aussi, c’est lumineux :
_ « T’as deux œufs sur le plat ?! Non, mais c’est pas sérieux !
dont le jaune a crevé, ha ben, j’crois pas mes yeux
Quand je r’garde ton soutif, l’bonnet A reste spacieux.
Hoo ! je charrie un peu, te vexe pas mon cœur,
les œufs j’les aime par deux, mais aussi, généreux !
Désolé mais moi j’file, j’ai un poney sur l’feu ! »
On pourrait regretter l’auteur de l’aventure…
mais rien de cela ici, c’est raillerie miniature,
qui ne vaut pas de peine plus qu’un haussement d’épaule,
soupir de compassion et un « à la revoyure ! »
Il se paie de bons mots mais il n’y connait rien,
ne sait pas que les seins, s’ils tiennent dans la main,
sont comme des pépites qui palpitent aussi bien,
et quelle que soit leur taille, à l’émoi qui étreint.
Dites-vous bien, Madame, vous êtes bien faite ainsi.
Ne doutez pas de vous, à cause d’un malandrin,
de mieux que lui, pour sûr, se voueront à vos seins.
Avoir de petits seins, en fait c’est plutôt bien ;
Telles deux petites pommes au profil d’airain,
ils ne brinquebalent pas en courant les chemins,
ni ne vous tiennent trop chaud quand l’été s’en revient.
La taille compte assez peu dans les jeux amoureux,
de cela n’doutez pas, c’est une vérité
à laquelle, bien des hommes, adhèrent volontiers !
Miette